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États généraux de l’alimentation Un flot de bonnes intentions qu’il reste à concrétiser

Filières. Les pistes lancées par l’Élysée tapent dans le mille. Elles renvoient les acteurs des filières à leurs responsabilités.

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À mi-étape des États généraux de l’alimentation (EGA), tout le monde était suspendu au discours du président Macron. Sur un sujet aussi conflictuel que la répartition de la richesse dans la chaîne de valeurs, où se heurtent les intérêts des producteurs, des IAA et des GMS, il a réussi un tour de force : ravir tout le monde. Un constat qui incite à la prudence sur ce qu’il en résultera dans la vraie vie. Cela vaut pour la loi et les ordonnances, promises pour le premier semestre 2018, qui verront les lobbys agir. Mais aussi pour l’appel à la responsabilité des industriels laitiers et des GMS à jouer le jeu tout de suite dans les négociations sur les tarifs des marques.

Inverser le sensde construction du prix

Parmi le flot de bonnes intentions élyséennes, il y a l’idée centrale à laquelle on ne peut qu’applaudir. Celle d’inverser le sens de construction des prix en partant du producteur pour prendre en compte ses coûts de production. « Mais quels coûts, pour quels marchés ? interroge ce président d’OP, dubitatif. On peut espérer que les Français soient prêts à payer un peu plus pour un produit avec certaines garanties (bien-être animal, aliment sans OGM…), et ainsi couvrir nos coûts de production. Mais quid de l’export, où nous sommes face à du lait allemand, irlandais… ? » La contractualisation sera donc rénovée en ce sens avec un contrat qui sera, demain, proposé par les agriculteurs, plus par les acheteurs. « Passer des conditions générales d’achat fixées par les industriels à des conditions de vente fixées par les producteurs est un choix majeur, souligne André ­Bonnard, secrétaire général de la FNPL. Il donne tout son sens à la massification de l’offre. » Et ce n’est pas innocent si l’Élysée sort de son chapeau une idée presque inexistante des ateliers de ces EGA. Pour donner une chance aux agriculteurs de peser face à l’industrie privée, l’Élysée veut les inciter à se regrouper en OP commerciales. Mais il faudra les convaincre de couper le cordon avec leur entreprise qui, pour certaines, fera tout pour les en dissuader. Faire ce choix, c’est aussi accepter le risque de gérer l’ensemble des volumes produits en période d’excédents. Pas simple.

Sur la fin de la pernicieuse guerre des prix en GMS, condition sine qua non de cette inversion de la construction des prix, Macron propose un donnant-donnant. Oui à une remontée du seuil de revente à perte et à l’encadrement des promotions. Mais à ­condition que la filière lait monte en gamme, et rassure le consommateur sur les modes de production… le tout écrit dans un plan. Au Cniel d’y préciser clairement ce qu’il veut pour le marché intérieur et l’export… Une première, qui est imposée par l’Élysée.

Jean-Michel Vocoret

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